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La Symphonie du Hanneton

James Thierrée

Raoul raconte l'histoire d'un roi solitaire, déchu, mystérieux. Il vit retranché dans une tour qu'il a construite lui-même pour se mettre à l'abri de ses démons et du monde. Un visiteur, un jour, se présente pour attaquer l'édifice et son occupant. Cet assaillant... c'est en fait lui-même, qui vient libérer sa propre personne.

Et, en effet, Raoul est un spectacle très troublant. On y voit James Thierrée se dédoubler sur scène et se battre contre lui-même. Cette illusion m’a laissée sans voix.

La Symphonie du Hanneton, qui a reçu quatre Molières en 2006, “La Veillée des Abysses” et “Au revoir, parapluie”, ont connu un retentissement mondial. “Raoul” s’inscrit dans la même veine, mais là, James Thierrée est seul sur scène face à lui-même, sans ses partenaires habituels : cantatrice, contorsionniste ou cascadeur.

Le spectacle mêle performances physiques, comique burlesque, gags sonores ou visuels, mime et aussi de nombreux passages dansés (plus nombreux que dans les autres spectacles). La musique y tient également une grande place. Raoul, le personnage, joue beaucoup avec les sons.

Tout au long de ce spectacle très visuel et poétique, on s’émerveille comme un enfant.
Des créatures étranges entourent le héros et viennent troubler sa solitude : animaux marins ou terrestres, méduse, poisson, langouste ou fossile d’oiseau, conçus par la mère de l’artiste, créatrice des costumes et accessoires. J’ai eu un moment de pur plaisir et d’émotion quand j’ai vu la danse de la méduse. Là, on se dit que oui, on a toujours rêvé d’être méduse… Ces créatures apparaîssent et disparaissent avec humour et poésie.
Elles ont, par ailleurs, quelque chose de très artisanal. L’artisanat, cher à James Thierrée, se retrouve aussi dans la conception des effets théâtraux : jeux d’ombre et fils que l’on tire…

“J’utilise jusqu’à la moëlle épinière la machinerie théâtrale, ses poulies, ses cintres, je suis friand des effets manuels. Je ne suis pas versé dans les nouvelles technologies, je ne rentre pas en compétition avec Steven Spielberg.” (James Thierrée, toutes les citations de James Thiérée sont extraites d’une interview tirée du dossier de presse du Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées.)

Raoul semble être par moment sur un radeau, et à d’autres, échoué sur une île. De grandes voiles sont tendues et on se sent comme hors du temps, dans la couleur et l’odeur de la poussière. C’est dans cette atmosphère que le spectateur plonge dans un monde onirique et merveilleux.

« Lorsque l’on est seul en scène, on peut étendre totalement son imaginaire. C’est une ouverture. Mon personnage est un peu schizo, mais il ne s’agit en rien d’une introspection personnelle. Raoul me permet d’aller encore plus avant dans le théâtre. C’est ce que je veux. Et je jouerai avec le public. Je l’éclairerai… »

” J’ai trouvé quelque chose de l’ordre du défi dans le fait d’imaginer une solitude et d’écrire tout un spectacle sans parole autour d’elle.”

“L’acrobatie, la pantomime, la musique, l’illusion d’une certaine manière, mais aussi la théâtralité, le comportement… Dès le départ, j’ai pioché dans le socle immense du théâtre, du cirque, du music-hall. J’ai toujours exploré au maximum l’éventail des expressions corporelles. Par rapport aux précédents spectacles, ça passe cette fois un peu plus par la
danse.” James Thiérrée

Raoul va, court, vole d’un objet à l’autre, court sur place, tombe et se relève. Il y a beaucoup du personnage de Charlot en lui ou même du mime Marceau, dont il s’inspire peut être pour sa marche contre le vent.
Cette pièce raconte un voyage intérieur, dans lequel le personnage se perd et se retrouve… peut être.

Prince des airs, montreur d’ombres, James Thierrée ne cesse d’explorer les champs du possible. On sort de ce spectacle exalté, ému. C’est un pur moment de plaisir, de magie, de bonheur et de surprises.

Un petit extrait vidéo du spectacle :

A redécouvrir à la Bibliothèque municipale de Lyon, le premier spectacle de James Thierrée : La symphonie du hanneton.

Voir dans le catalogue de la BML

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