Guirlanda

Lorenzo Mattotti

lu, vu, entendu par bbrerot - le 06/07/2017

Allégorie humaniste, Guirlanda célèbre l’amour, la différence, la magie de la vie, la création.

En une contrée lointaine voire inexistante sinon dans les livres ou les rêves, Hyppolite part à la recherche de sa compagne elle-même en quête du nid qui doit accueillir leur progéniture. Hyppolite et Cochenille sont des Guirs. Ils vivent à Guirlanda avec leurs comparses pacifiques et contemplatifs jusqu’au jour où leur destin les amène à être séparés alors que la tribu des Guirs connaît des bouleversements qui vont mettre en danger leur survie.

Après une absence de quatorze années dans le monde de la bande dessinée, Lorenzo Mattotti revient avec un étonnant récit épique de 383 pages. Accompagné de son complice scénariste Jerry Kramsky, il nous livre là un voyage dans un monde imaginaire pourtant fort semblable à celui où nous vivons en ce qu’il parle de naissance, de mort, de vie en société et de dysfonctionnements qui peuvent tout faire basculer.

Allégorie humaniste, Guirlanda célèbre l’amour, la différence, la magie de la vie, la création, en revisitant la mythologie, l’Odyssée d’Homère et les Moumines, personnages inventés par Tove Jansson, sorte de gentils trolls ressemblants à des hippopotames repris également par deux grands messieurs de la bande dessinée, Moebius et Fred sur lesquels l’album s’ouvre en dédicace.

Outre ces références culturelles, cette œuvre ne ressemble à rien de connu et c’est là sa force.

L’histoire entraine le lecteur dans des pages où prennent vie des êtres aux formes inhabituelles que sont les Guirs, museau frippé, Bombyx Vespertinus, Proxima, les baleines d’air… Le trait à la plume en noir et blanc, tantôt virevoltant tantôt resserré, insuffle aux personnages autant qu’aux paysages, dans la drôlerie et la douceur, un dynamisme parfois hallucinatoire mais toujours très juste.

Après Le bruit du givre, sorti en 2003, magnifiquement traité par le génie de la couleur qu’est Mattotti, cet album était très attendu. Il est plus qu’à la hauteur. Il nous enchante et nous comble.

Béatrice Brérot