Geis

Alexis Deacon

lu, vu, entendu par Stéphanie B. - le 28/08/2018

Personne n’échappe à la Geis, pas même le lecteur.

« Geis, qui se prononce « guèch », est un mot gaélique désignant un interdit ou une malédiction […]. Dès qu’elle est écrite ou prononcée, votre sort est scellé. Mais une geis finit toujours pas être brisée. »

Cette BD atypique m’a appelée à elle du coin de l’œil par son dessin, son trait unique, crayonné, doux, mais tellement précis et fluide. Pour une BD, c’est important, n’est-ce pas ?

Mais ce qui compte, c’est la beauté intérieure, on nous l’a assez répété…

Et bien non. Il n’est pas joli joli, l’intérieur de la geis. Nous y sommes spectateurs d’un jeu bien pervers, qui ressemble fortement au jeu de la vie. S’il ne s’agit pas d’un huis clos, tous les participants y sont emprisonnés et liés par la malédiction, et le résultat est le même. La scène se transformerait presque en laboratoire d’expériences, mais en lieu de rats, des hommes. Ou plutôt, des statuts, des fonctions avant l’homme : la juge, le médecin, le conseiller, l’expert-comptable, l’avide, l’avocat, la sorcière… En guise de labyrinthe, des règles de jeu simples mais qui appellent à être appropriées, déformées, brisées, analysées : donner ou prendre, vivre ou mourir, perdre, ou gagner. Et enfin, en guise de fromage, le pouvoir.

Sous nos yeux de scientifiques en herbes, les personnages vont prendre de la profondeur, et si au début ils semblaient si étranges, étonnants, éloignés de notre monde et de nos mœurs, ils deviennent vite très attachants, très touchants (même les vilains !), et … très « crédibles ».

Il ne s’agissait pourtant au début que d’une simple histoire de succession au pouvoir. Mais pour déterminer qui méritait vraiment le poste, la défunte matriarche a tout planifié.

Trois épreuves auxquels personne ne peut se soustraire ; trois tomes auxquels ma gourmandise piquée à vif n’a su et ne saura pas se soustraire non plus !