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Grégoire Damon

Dans son 2ème roman, Grégoire Damon nous plonge dans l’univers gras, odorant mais non moins confraternel de la restauration rapide.

Derrière les murs du restaurant Meecoy de la place Carnot dans lequel travaille le narrateur, Grégoire Damon dépeint, avec une écriture toujours juste, sans cynisme ni ton moralisateur, le quotidien très rythmé et orchestré de ces hommes et ces femmes plongés dans le bain graisseux du travail en fast-food.

Au travers des yeux de Greg le poète, un coup de projecteur est mis sur ceux qui essayent de s’en sortir. Avec retenue, le narrateur nous conte sa guérilla quotidienne contre l’odeur de frite qui s’immisce dans les tissus du textile et de la peau. Cette odeur qui oblige l’amant au terme de sa dure journée de labeur à se laver 4 fois avant de retrouver une odeur convenable.

Qui aurait dit que s’enfiler 230 pages de fast-food serait aussi astringent et savoureux ? L’écriture de Grégoire Damon est naturelle, fluide, son style marqué est alimenté de poésie. Mais une poésie bosseuse, qui pointe elle aussi, entre deux Big Royal Cheese Deluxe, et nous plonge avec elle dans le bac à frire.

Loin de vouloir forcer le trait des conditions de travail en fast-food, l’auteur nous donne à lire avant toute chose l’universelle fraternité qui habite chaque travailleur. Les humains vivent et meurent, dans le monde de Greg, ils évoluent ou se font virer. Au rythme du new management, rien ni personne n’est destiné à demeurer. Tout se désintègre tôt ou tard.

Mais ce qu’il reste dans la mémoire des corps, ce sont les gestes mécaniques qui font naître parfois une chorégraphie posturale parfaite. Des gestes répétitifs qui mènent certes à l’enfer de la sciatique, mais également au miracle de la synchronisation parfaite des enchaînements de cuisson-assemblages.

Un balai d’êtres humains qui sentent qu’à cet instant au moins ils maîtrisent leur destin.

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