Buru Quartet

Pramoedya Ananta Toer

lu, vu, entendu par Benoît S. - le 17/05/2019

Vous avez déjà lu « Le Comte de Monte-Cristo » et « Guerre et Paix » et vous cherchez une œuvre romanesque capable de combler votre désir d’aventures ? Vous pensez avoir épuisé les littératures française, russe ou même anglaise du 19e siècle ? Vous vous désespérez de ne plus lire des auteurs de la trempe de Balzac ou de Stendhal, capables de porter un regard critique sur leur société tout en trouvant chez vous un écho très contemporain ?

J’ai une bonne nouvelle. Figurez-vous que les éditions Zulma, défricheuses de littératures rares, viennent d’exhumer un chef d’œuvre de la littérature indonésienne : le Buru Quartet ! Un roman fleuve, découpé en quatre volumes, qui met en scène les destins et les passions de personnages pris dans la tourmente de l’Histoire, à la fin du 19^e siècle, dans les Indes néerlandaises.

Roman démesuré, le Buru Quartet l’est tout autant par sa genèse. En effet, avant de devenir un livre, Pramoedya Ananta Toer aura raconté, inlassablement, son histoire à ses codétenus, lors de son incarcération de 1965 à 1979 au bagne de Buru, surnommé le goulag des mers du Sud (!) Car, l’Histoire révèle une même constante, qu’elle soit faite par les colons néerlandais ou par le sanguinaire Suharto, Pramoedya Ananta Toer reste un ennemi qu’il faut enfermer.

Un destin contrarié qui fait écho bien sûr à celui de son personnage principal : Minke, jeune homme brillant, issu des hautes castes de l’aristocratie javanaise. Son ascendance lui permet d’intégrer une école réservée à l’élite européenne. Cette ouverture sur le monde des colons va favoriser en lui les conditions d’un conflit identitaire. Plus que tout, il désire s’affranchir des traditions de ses ancêtres, jugées archaïques pour embrasser la modernité et l’universalisme de l’Europe. Mais ces aspirations vont se heurter à une société profondément inégalitaire …