Il était une (seule) fois…

Publié le 23/05/2011 à 23:00 - 13 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

Depuis la Ballade sauvage (Badlands], 1973) jusqu'à The Tree of life (2011), Terrence Malick a réalisé 5 longs métrages en 40 ans, et chacun de ces films mérite le terme de chef d'œuvre. Mais certains réalisateurs ont fait mieux (ou moins) : un seul et unique film dans leur carrière.

C’est arrivé près de chez vous

Soit parce que l’accueil critique ou public n’a pas permis la reconduction de cette fonction cinématographique, soit parce que la tâche s’est révélée plus ardue qu’ils ne le pensaient. Nous vous proposons une liste d’œuvres dont le réalisateur n’a effectué qu’une seule fois ce travail, à notre grand regret (ou pour notre plus grand bien). Tous ces films ne sont malheureusement pas des chefs d’œuvres. Nous vous présentons tout d’abord, quatre réalisations uniques, qui marquèrent leurs époques et à la suite desquelles nous aurions pu espérer que leurs réalisateurs réitèrent l’expérience. Mais il n’en fut rien…

Cette liste ne concerne que les réalisations de longs métrages de fictions de cinéma, et donc exclut les courts métrages, les documentaires, et les téléfilms.

La nuit du chasseur (1955) : Quand on pense à un réalisateur d’un seul film, le premier nom qui vient à l’esprit est Charles Laughton. Comédien renommé, il eut une carrière prodigieuse dans une cinquantaine de films, signés par les plus grands (Wilder, Renoir, Hitchcock, Kubrick…), et en parallèle, une prestigieuse carrière théâtrale.
A 56 ans, il passe à la mise en scène et réalise ce film unique, empruntant à plusieurs genres et ne rentrant dans aucun (western, film noir, aventures…). Le film fut un échec commercial à sa sortie, ce qui ne permit malheureusement pas à Laughton de récidiver. Le film fut heureusement redécouvert quelques années plus tard par les cinéphiles. Film d’une extrême simplicité, au ton poétique et onirique, son charme vient en partie de son inquiétante étrangeté. La prestation de Robert Mitchum en prédicateur fou fit beaucoup aussi pour la renommée du film. Notamment la la scène dans laquelle il mime le combat du bien et du mal, les mains entrelacées et les doigts tatoués des mots Love and Hate.

La vengeance aux deux visages (1961) :
Un autre grand acteur réalisa un seul film : Marlon Brando. L’histoire est connue : à l’origine Kubrick devait réaliser le film sur un scénario de Sam Peckinpah. Mais des divergences artistiques opposant la star et le réalisateur, obligèrent ce dernier à quitter le projet pour réaliser Spartacus. Brando passa à la mise en scène, fit exploser budget et temps de tournage, pour finalement livrer un chef d’œuvre baroque et insolite.
Le film doit plus à la lenteur du cinéma japonais qu’au cinéma d’aventures américain. On y suit le parcours de deux desperados, dont l’un devient shérif, alors que le plus jeune, suite à la trahison de son aîné, finit en prison. Brando en fait une œuvre unique, narcissique, déroutante et ambigüe. La mise en scène mettant en avant l’acteur Brando, qui déroule toutes les facettes de son charme magnétique. Il se fait fouetter, casser les mains, humilier, il vole, il ment. L’acteur cabotine, en fait des tonnes et pourtant cela reste éblouissant. Chaque personnage est mis en valeur ; aucun n’est ni bon, ni mauvais, chacun porte une part de lumière et d’ombre. Le résultat est sans conteste l’un des meilleurs westerns de l’époque et l’une des meilleures prestations de la star.

Les tueurs de la lune de miel (1969) :
Léonard Kastle est un compositeur et un librettiste d’opéras. A la fin des années 60, il écrit un scénario à partir d’un fait divers, qui a défrayé la chronique dans les années 40. Les producteurs contactent alors Martin Scorsese pour réaliser le film, mais des différents entre Kastle et le jeune réalisateur provoquent son éviction. Finalement, Kastle se retrouve derrière la caméra pour tourner ce chef d’œuvre du film noir. Comme il n’a aucune formation cinématographique, il suit le plus fidèlement possible son scénario, essayant d’être au plus près de la réalité des faits de cette histoire sordide. Celle d’un couple qui se rencontre par petites annonces, pour ensuite séduire et tuer des femmes esseulées et leur ravir leurs économies. Film mythique, fascinant par son style et son épure, son réalisateur se verra pourtant refuser toute autre réalisation par les studios, qui lui demandaient d’adapter à nouveau un fait divers. Trente plus tard, Arturo Ripstein s’inspirera de la même histoire pour réaliser Carmin profond.

3 un C’est arrivé près de chez vous (1992) :
Peut-on parler de chef d’œuvre à propos de ce film ? Il parait plus juste d’évoquer le terme de film culte. Réalisé par trois belges, ce documenteur fut un choc à l’époque de sa sortie. L’histoire est simple et originale. Une équipe de télévision suit un tueur en série déjanté, qui parsème son parcours meurtrier de longues tirades pseudo-poético-philosophiques. On est sans cesse partagé entre un sentiment d’horreur et une envie de rire, le tueur étant à la fois ridicule et exécrable. Rémy Belvaux (frère de Lucas), André Bonzel, et Benoit Poelvoorde, produisent, réalisent, signent le scénario et jouent ce qui était leur film de fin d’étude. Par la suite, aucun des trois ne réalisa d’autre film. Poelvoorde commença sa carrière d’acteur, Rémy Belvaux (décédé en 2006) tourna ensuite des films publicitaires. Quant à André Bonzel, il continua sa carrière de cameraman.