Se muscler en prison (et devenir un artiste multitâche)

Bronson de Nicolas Winding Refn

- temps de lecture approximatif de 2 minutes 2 min - Modifié le 24/04/2020 par gdamon

Le confinement, encore faut-il savoir en faire usage. Si un homme est passé maître dans cet art difficile, c'est bien Charles Bronson, délinquant anglais surnommé "le prisonnier le plus violent de Grande-Bretagne".

Rien ne destinait Michael Gordon Peterson, né en 1952 dans la petite ville de Luton, Bedfordshire, à briller dans les mondes de l’art. Décrochage scolaire, petite délinquance, incapacité à trouver un emploi, et surtout, amour immodéré de la bagarre : de quoi mal démarrer dans la vie.

Condamné en 1974 pour vol à main armée, il se mit à bourlinguer de prisons en hôpitaux psychiatriques, du fait de sa tendance à agresser codétenus et personnels pénitentiaires. Après une courte libération en 1987, il embrassa d’ailleurs une carrière de boxeur à mains nues, sport illégal très en vogue outre-Manche.  C’est à cette époque, dit-on, qu’il commença à se faire appeler Charles Bronson, nom de “tough guy” s’il en est.

Il ne resta pas longtemps dehors : en janvier 1988, nouvelle arrestation, pour le braquage d’une bijouterie. L’un des mobiles de ce vol était le désir de se procurer une bague pour sa fiancée de l’époque. Romantisme, quand tu nous tiens !

Bronson ne sortit presque plus, le plus souvent en isolement. Il continua de taquiner le personnel des divers établissements qui l’accueillirent, grimpant sur les toits, prenant occasionnellement un surveillant en otage, se présentant nu à des jugements…

C’est de l’art que viendra la rédemption. Poète et peintre à ses (longues) heures, Bronson a décidé, en 2014, de “tuer” Charles Bronson et de renaître en tant que Charles Salvador, en hommage à Dalí. Un artiste désormais apaisé, qui déclare sur son site internet : “Je n’ai aucun regret dans la vie. Mon art est mon salut, ma vie.” De nombreux dessins sont visible sur une page dédiée dudit site.

Soucieux de maintenir sa force musculaire, Bronson-Salvador a également publié en 2002 sa méthode de musculation en espace réduit, Solitary fitness. L’ouvrage n’étant pas traduit, on pourra se replier sur L’Entraînement d’un détenu de Paul Wade, ou la bonne vieille méthode Lafay.

Dernières Critiques du film Bronson - Page 26 - AlloCiné

C’est en 2008 que Nicolas Winding Refn, auteur de la magistrale trilogie Pusher, réalise le biopic de ce personnage atypique, sobrement intitulé Bronson. Le film retrace les premières décennies de la vie du délinquant (mais pas de l’artiste). Une petite merveille d’humour noir, habitée à chaque plan de la virtuosité de son réalisateur !

C’est à Tom Hardy (paire d’yeux d’aviateur dans le Dunkerque de Christopher Nolan et chef de gang juif shakespearien dans Peaky blinders) que revient la tâche écrasante d’incarner ce personnage extrême, indomptable, et, pourrait-on presque dire, libre. Spécialiste des rôles à contre-emploi, l’acteur s’en donne à cœur-joie :

 

 

Partager cet article